Le « Poilu » est malheureusement toujours le réceptacle des fantasmes obscènes de l’extrême droite. Summum du nationalisme et de toutes ses horreurs, la première Guerre mondiale et les 18,6 millions de morts qu’elle charrie, font encore naitre des étoiles dans les yeux des nostalgiques du sabre et du goupillons.
Alors que l’AF vendéenne exhorte les français à faire leur devoir de mémoire car « ils sont morts pour que tu restes français, leur sacrifice nous oblige et nous engage. », les va-t’en-guerre à l’échelle nationale appellent à se projeter dans les guerres à mener : « Qu’à jamais ils restent dans nos mémoires et nous inspirent pour les batailles présentes et futures. ». Comble du révisionnisme l’AF Ile-de-France ose même le slogan « Soldat en 14 – résistant en 40 » !
Virilisme exacerbé, héroïsme guerrier décérébré, nationalisme enragé, il ne ressort de ces frasques qu’un révisionnisme crasse, mais en aucun cas un hommage aux victimes de la boucherie.
Mais quand est-ce que ces « patriotes » finiront-ils par
s‘intéresser sérieusement à l’histoire des populations de France ?
A la sortie de la guerre, quand 1,4 millions de soldats sont morts (3,75% de la population), c’est la souffrance qui prime sur le patriotisme. Et alors que parmi les survivants des tranchées et les partisans du « Plus jamais ça » émerge le pacifisme, les nobles et bourgeois de l’Action Française prêchent la violence et la haine contre les « étrangers de l’intérieur » : juifs, communistes et syndicalistes… Loin d’être à un révisionnisme prêt, s’accaparer le mouvement de résistance des étudiants parisiens du 11 Novembre 1940 est une chose, mais oublier les nombreux collabos issus de ses rangs, de l’antisémite et pétainiste Maurras jusqu’au chef de la Milice Darnand, en passant par le volontaire Loustau dans la division SS Charlemagne, est un exploit !
Trop longtemps, la mémoire d’état a insisté sur le consentement patriotique à l’horreur des soldats de 14 en omettant la coercition, l’obéissance aux institutions ou encore la solidarité entre les soldats. Le consensus patriotique, l’adhésion nationale et l’anti-germanisme généralisé sont des visions nationalistes partielles, portées par une culture bourgeoise, qui ne reflètent en rien l’opinion des soldats de premiers rangs. La mémoire de 14-18 est d’abord celle de la violence. Et à l’heure où les conflits font rage en Palestine, au Liban, en Ukraine et un peu partout dans le monde, nous, travailleurs et travailleuses de l’histoire, préférons la mémoire de celles et ceux qui ont résisté à la guerre dans le féminisme, la rébellion, le pacifisme, le syndicalisme et le mouvement ouvrier.
A bas les nations, à bas le capitalisme et à bas la guerre ! Déclarons la paix sur terre, unilatéralement !