B/ La pénibilité du travail

La pénibilité du travail ne fait pas l’objet d’une reconnaissance officielle, alors que le métier combine plusieurs facteurs de risques tels que l’exposition au soleil et aux intempéries, aux polluants (engrais, pesticides et pollutions chimiques) qui restent sous-évalués en raison de l’absence de diagnostic systématique, à des postures contraintes et au port de charges lourdes entraînant des troubles musculo-squelettiques, ainsi que des risques psycho-sociaux (chantiers en grand déplacement, etc…) aggravés par la précarité. Or, les archéologues ne font l’objet d’aucun suivi médical, si ce n’est une simple visite d’aptitude avant certains contrats. Sans ce suivi, il n’est pas possible de faire reconnaître certaines pathologies comme maladies professionnelles. A l’Inrap, beaucoup d’agents approchant l’âge de la retraite, de plus en plus de collègues technicien.nes et/ou les plus cassé.es, face à l’absence de reconversion possible, sont poussé.es ou choisissent le départ avant la retraite, sous la forme de ruptures conventionnelles.
 

II. Conséquences

La précarité et la pénibilité de la profession ont de nombreuses implications délétères pour l’ensemble des archéologues du préventif, et pour l’avenir même de la discipline. 

Pour tous les opérateurs, seuls des postes de responsable d’opérations, de responsable-adjoints, voire de spécialistes sont titularisés. Les archéologues technicien.nes sont laissé.es à la précarité et soumis à la flexibilité du marché pendant de nombreuses années avant d’espérer un recrutement. Depuis l’adoption de la loi sur l’assurance chômage, ils et elles sont contraintes d’obtenir des contrats plus longs pour pouvoir bénéficier d’une allocation et d’un rechargement de leurs droits. En termes de missions, ils et elles sont bien souvent cantonné.es aux phases de terrain, usant prématurément leur corps, et ce bien avant 60 ans. 
Leur intégration à la post fouille se limite la plupart du temps au lavage, tamisage et inventaire du mobilier, tandis que leur participation à la mise au net des données ainsi qu’à la rédaction du RFO demeure exceptionnelle. On leur confisque ainsi une partie de leur travail, pourtant essentiel dans la démarche scientifique. La perte de sens engendrée est catastrophique et crée du malheur et du mal-être au travail. Elle augmente les reconversions professionnelles ce qui constitue à terme une perte importante de savoir-faire professionnel et scientifique. 
 
La précarité entretenue par les différents opérateurs publics et privés confisque le droit à la formation continue, essentielle dans une science, et isole les archéologues du préventif du reste de la communauté scientifique. Elle empêche l’évolution de carrière pourtant prévue pour les titulaires A, B et C de la fonction publique territoriale, et crée « un plafond de verre » pour les archéologues technicien.nes de fouille.