La perte de sens, la mobilité perpétuelle, la précarité, la pression de la hiérarchie liée à la productivité, la concurrence, le manque de temps et de moyens entretenant des efforts de travail non rémunéré créent une surcharge de travail, de stress et une augmentation des risques psychosociaux.

L’intrication de tous ces problèmes a des conséquences directes sur le calcul des droits à la retraite tels que prévus par l’actuelle réforme. Les archéologues cumulent une formation longue qui entraîne une arrivée tardive sur le marché du travail, puis des carrières hachées avec une période de précarité de plus en plus longue (plus de 10 ans) avant l’obtention d’un très hypothétique CDI, et des salaires trop bas qui ne compensent pas l’investissement en années d’études, les dispositifs de primes mis en place pour compenser la faiblesse des indices et des salaires n’étant pas pris en considération dans les calculs des cotisations. Cette réforme entraînera de fait un départ des collègues non pas à 64 ans mais en majorité à 67 ans. Enfin, les femmes vont être d’autant plus pénalisées par cette réforme qu’elles peuvent subir des inégalités de traitement salarial et des interruptions de carrière (grossesses, congés maternités, temps partiels) plus fréquentes que les hommes. 
Enfin, le report de l’âge légal de 62 à 64 ans ne prend pas en considération les modalités physiques de l’exercice de l’archéologie de terrain, devenant réellement problématique passé un certain âge, d’autant plus que la mobilité est difficile à mettre en œuvre et que les reconversions ne sont peu envisagées. 

Tous ces constats menacent notre mission principale : la sauvegarde et la défense du patrimoine archéologique du territoire français. Pour la mener à bien, il est nécessaire de remettre la question sociale au cœur de nos réflexions sur le fonctionnement de l’archéologie préventive, depuis la formation des archéologues jusqu’à leur départ à la retraite.